Introduction
Introduction
Dès ses débuts, le concept du développement durable a fait allusion au besoin d’agir collectivement par rapport aux problèmes de durabilité, de participer aux processus de prise de décisions et de déléguer les initiatives (Middlemiss, 2014). Il existe une littérature importante sur le rôle, le processus et les résultats d’initiatives de développement durable, notamment à l’échelle communautaire. Toutefois, un corpus de recherche grandissant souligne la tendance des initiatives communautaires en matière de durabilité à exclure les participant·e·s non traditionnels·le·s (Anantharaman, 2014 ; Kenis et Mathijs, 2014 ; Grossmann et Creamer, 2016 ; Taylor Aiken et al., 2017 ; Anantharaman et al., 2019). Lorsque la diversité n’est pas reconnue, elle n’est pas intégrée dans la conception et la planification (Anantharaman et al., 2019) et il est peu probable que les activités dirigées par les groupes dominants apprécient entièrement les besoins des personnes marginalisées (Axon, 2016 ; Grossman et Creamer, 2016 ; Taylor Aiken et al., 2017). Ce point de vue est soutenu dans la littérature sur la justice sociale par Iris Marion Young (1990 ; 2011) qui souligne que la reconnaissance des divers groupes sociaux doit être considérée au même niveau que la justice distributive. Elle maintient que, pour que les choses soient justes, il faut reconnaître que les divers groupes ont un intérêt dans l’action communautaire et doivent contribuer de manière significative à la conception et la mise en œuvre des initiatives. La recherche et la littérature suggèrent ainsi un besoin d’approche radicale de l’inclusion, aussi bien dans les programmes de développement durable que dans les initiatives en matière de durabilité.
From its inception, the concept of sustainable development has alluded to the need for collective action on sustainability problems, participation in decision-making processes, and the devolution of action (Middlemiss, 2014). There is a considerable literature examining the role, process and outcomes of sustainable development initiatives, particularly at community level. However, a growing body of research highlights the tendency for community sustainability initiatives to exclude non-traditional participants (Anantharaman, 2014; Kenis and Mathijs, 2014; Grossmann and Creamer, 2016; Taylor Aiken et al., 2017; Anantharaman et al., 2019). When diversity is not recognised it is not integrated into design and planning (Anantharaman et al., 2019), and activities led by dominant groups are unlikely to fully appreciate the needs of the marginalised (Axon, 2016; Grossman and Creamer, 2016; Taylor Aiken et al., 2017). This is supported in the social justice literature, where Iris Marion Young (1990; 2011) emphasises that a recognition of diverse social groups must be considered alongside distributive justice. She argues that to be just, diverse groups must be recognised as having a stake in community action and must have meaningful input to initiative design and implementation. These two literatures combined suggest a need for radical approaches to inclusion in both the sustainable development agenda, and in sustainability initiatives.
Le mouvement Mixed Ability incarne une telle approche radicale de l’inclusion dans le monde du sport. Il vise à faciliter la pratique du sport par toute personne, quel que soit son milieu dans des établissements sportifs actuels, qu’elle soit ou non atteinte de handicaps physiques ou présente ou non des troubles de l’apprentissage. L’approche de Mixed Ability se sert de l’éducation par les pair·e·s pour sensibiliser à l’égalité, la diversité et l’inclusion, en vue de l’intégration concrète des personnes atteintes de handicaps très différents dans un cadre de vie ordinaire, en œuvrant pour un but commun et en créant des clubs et des communautés plus inclusifs. Ce mouvement est apparu dans le monde du rugby et s’est propagé depuis dans les autres milieux sportifs, y compris dans le milieu de la boxe, de l’aviron et du jeu de boules, au Royaume-Uni et au-delà. D’autres domaines, comme les universités ou le domaine de la santé, explorent également ce mouvement. Ce dernier questionne l’orthodoxie de l’offre sportive au niveau des communautés, ainsi que les hypothèses autour du handicap, en montrant que toute personne, quelles que soient ses capacités, peut bénéficier de la pratique commune du sport, de la compétition sportive et de la sociabilisation dans un environnement sportif ordinaire. Le mouvement Mixed Ability offre une perspective importante et éclairante sur la manière dont le handicap est conceptualisé au sein d’une société ainsi qu’une occasion de réfléchir à l’inclusion communautaire au-delà du handicap et du sport, notamment dans le cadre des initiatives en matière de durabilité à l’échelle communautaire.
The Mixed Ability movement is one such radical approach to inclusion that has emerged in the sporting world. The movement aims to facilitate people of all abilities in playing sport together in existing local sports facilities, including people with a range of physical and learning disabilities and difficulties, and non-disabled people of all backgrounds. The Mixed Ability approach uses peer education to raise awareness of equality, diversity and inclusion in order to genuinely integrate people with very different abilities into a mainstream setting, working towards a common goal and creating more inclusive clubs and communities. Having emerged from the sport of rugby, it has since spread to other sports in the UK and beyond, including boxing, rowing and bowls. It is also being explored within other domains, including universities and healthcare. The Mixed Ability movement challenges the orthodoxy of community sports provision, and assumptions around disability, by showing that people of all abilities can benefit through playing, competing and socialising together in a mainstream sporting environment. The Mixed Ability movement provides an important and illuminating lens on the way disability is conceptualised in society, and offers opportunities to reflect on community inclusion beyond disability and beyond sport: specifically, here, inclusion in sustainability initiatives at the community level.
Objectifs et structure de l’article
Aims and structure of the paper
Dans cet article, nous faisons appel à une étude ethnographique pour explorer les possibilités qui s’offrent au mouvement environnemental de tirer des leçons de cette approche inclusive et communautaire radicale. Nous soutenons que, pour créer des futurs vraiment inclusifs et justes, nous devons trouver de nouveaux modèles à inclure dans les politiques et pratiques de développement durable, et que l’approche de Mixed Ability offre un cadre d’inclusivité radicale dans ce domaine. Alors que l’inclusion, ou du moins l’intégration, est souvent un objectif fixe des politiques et des pratiques de développement durable (Middlemiss, 2014), il n’est pas toujours clair de savoir quel genre de processus serait approprié pour garantir une telle inclusion. Il est possible de tirer un enseignement de l’approche de Mixed Ability à cet égard. Des preuves émergentes indiquent également qu’en manquant la reconnaissance des besoins et points de départ divers, les politiques et pratiques de développement durable peuvent exacerber les injustices (Martin et al., 2016 ; Taylor Aiken et al., 2017 ; Anantharaman et al., 2019). Le mouvement Mixed Ability a le potentiel d’alimenter ce débat en contribuant aux discussions relatives à l’inclusion dans la littérature sur le développement durable, par rapport aux initiatives communautaires en particulier, et en contribuant à la compréhension du potentiel d’amélioration des résultats pour tou·te·s à travers une inclusion proactive.
In this paper we draw on an ethnographic study to explore the possibilities for the environmental movement to learn from this radically inclusive, and community-based approach. We argue that in order to create truly inclusive and just futures, we need to find new models for inclusion in sustainable development policy and practice, and that the Mixed Ability approach offers a framework for radical inclusivity in this field. While inclusion, or at least integration, is often a stated objective of sustainable development policy and practice (Middlemiss, 2014), it is not always clear what kind of process might be appropriate to ensure this can take place. There is potential for learning from the Mixed Ability approach here. There is also emerging evidence that by failing to recognise diverse needs and starting points, sustainable development policy and practice can exacerbate injustices (Martin et al., 2016; Taylor Aiken et al., 2017; Anantharaman et al., 2019). The Mixed Ability movement has potential to inform this debate, contributing to the conversation around inclusion in the sustainable development literature, specifically in relation to community initiatives, and to understandings of the potential to enhance outcomes for all through proactive inclusion.
Nous commençons, dans cet article, par établir le profil de la manifestation émergente de l’intérêt pour l’inclusion dans la littérature sur la durabilité, en faisant appel aux concepts de justice associée à la reconnaissance, ainsi que d’exclusion matérielle et symbolique. Nous présentons le mouvement Mixed Ability ainsi que le but et les objectifs de cet article, avant d’expliquer nos méthodes de recherche. Nous explorons ensuite, dans le reste de l’article, ce que les aspects pratiques, les défis et les impacts du mouvement Mixed Ability signifient pour notre compréhension de la justice et de l’inclusion dans le contexte des initiatives communautaires en matière de durabilité. Nous concluons que le mouvement Mixed Ability met en valeur des avantages de la reconnaissance et de l’inclusion significatifs pour les initiatives communautaires en réduisant la marginalisation, en vainquant les préjugés et en créant des résultats plus inclusifs, divers et durables par l’encouragement de la parité de participation. Ce faisant, le mouvement Mixed Ability illustre non seulement le fait que le but normatif de l’inclusion n’est pas seulement de tendre la main aux groupes marginalisés pour leur propre intérêt, mais également que cette inclusion permette d’accroître la cohésion sociale et la poursuite d’objectifs plus ambitieux, ainsi que d’enrichir une initiative par diverses connaissances et compétences, entraînant des avantages tangibles pour tou·te·s.
We begin by profiling an emerging interest in inclusion in the sustainability literature, drawing on concepts of recognition justice and material and symbolic exclusion. We introduce the Mixed Ability movement, and present the aim and objectives of this paper before explaining our research methods. In the remainder of the paper, we explore what the practicalities, challenges and impacts of the Mixed Ability movement mean for our understanding of justice and inclusion in the context of community sustainability initiatives. We conclude that the Mixed Ability movement showcases the benefits of recognition and meaningful inclusion for community initiatives in reducing marginalisation, overcoming prejudices and creating more inclusive, diverse and sustainable outcomes by fostering parity in participation. In doing so, the Mixed Ability movement illustrates that the normative goal of inclusion is not only to reach out to marginalised groups for their own benefit, but that their inclusion enhances social cohesion, enables the pursuit of more broad-ranging goals and adds diverse knowledge and skills to an initiative, resulting in tangible benefits for all.
Durabilité, reconnaissance et exclusion
Sustainability, recognition, and exclusion
Alors que les racines de l’idée de développement durable se trouvent dans une politique libérale qui, de manière générale, se conforme à l’inclusion et à l’égalitarisme (Lorek et Fuchs, 2013), il existe une tendance à négliger les différences sociales lors de la conception et la mise en œuvre de politiques et d’interventions (Taylor Aiken et al., 2017 ; Middlemiss, 2018). Une bibliographie émergente autour de la consommation durable, des initiatives communautaires en matière de durabilité, ainsi qu’autour de l’écologie et du handicap a commencé à expliquer clairement les répercussions d’une telle tendance sur le développement durable. Nous offrons ici un résumé analytique de ce travail, en portant l’attention sur les formes d’exclusion que peuvent produire les initiatives et politiques en matière de développement durable, y compris celles que l’on trouve dans les communautés. Nous utilisons des concepts issus de la littérature sur la justice, notamment l’injustice associée à la non-reconnaissance (Fraser, 1995, Young, 1990), ainsi que les concepts d’exclusion matérielle et symbolique tirés de la recherche critique sur les politiques (Williams, 1989) et des travaux de Pierre Bourdieu sur la distinction (1984).
While the idea of sustainable development has its roots in a liberal politics which broadly adheres to inclusion and egalitarianism (Lorek and Fuchs, 2013), there is a tendency to neglect social differences when designing and delivering policy and interventions (Taylor Aiken et al., 2017; Middlemiss, 2018). An emerging body of literature around sustainable consumption, community sustainability initiatives, and environmentalism and disability has begun to articulate the implications of this for sustainable development. Here we offer an analytical summary of this work, focusing on the forms of exclusion that sustainable development actions and policies can produce, including those based in communities. We use concepts from the justice literature, particularly recognition injustice (Fraser, 1995; Young, 1990), and concepts of material and symbolic exclusion, drawn from critical policy research (Williams, 1989) and Pierre Bourdieu on distinction (1984).
Il faut noter que nous faisons appel ici à la littérature sur le développement durable et à celle, plus spécifique, sur les initiatives communautaires de durabilité, toutes deux traitant de l’inclusion. L’objectif plus ambitieux de l’article est de contribuer à la littérature sur la durabilité de la communauté. Cette littérature est celle qui perçoit la communauté (définie très généralement comme un groupe de personnes étant parfois, mais pas toujours, ancré à un endroit) comme un lieu au sein duquel peuvent émerger des solutions de développement durable, tout en ayant connaissance des limites de telles solutions (voir Taylor Aiken et al., 2017). Une des limites ici est la tendance qu’ont ces solutions à émerger au sein des réseaux sociaux actuels et, ce faisant, à exclure les personnes qui ne s’intéressent pas déjà à l’écologie (ibid.).
Note that we draw on both the literature on sustainable development, and the more specific literature on community sustainability initiatives here, as both speak to the issue of inclusion. The broader aim of the paper is to contribute to the community sustainability literature. This is the literature that sees community (loosely defined as groups of people, sometimes, but not always, anchored in a place) as a space in which sustainable development solutions can emerge, while being cognisant of the limits of such solutions (Taylor Aiken et al., 2017). One of the limits here is the tendency for these solutions to emerge within existing social networks, and in doing so to exclude people who do not already engage with environmentalism (Taylor Aiken et al., 2017).
L’injustice associée à la non-reconnaissance
Recognition injustice
Lorsque l’impact des différentes formes de diversité humaine sur les processus et les résultats n’est pas reconnu, les politiques et les interventions risquent d’être, au mieux, erronées, au pire, préjudiciables. L’une des principales préoccupations dans ce cas-ci est la reconnaissance. La littérature sur la justice sociale défend l’importance de la justice associée à la reconnaissance, comme une extension de la théorie de la justice libérale (voir par exemple Rawls, 1971 ; Miller, 1999) « au-delà » de la distribution des biens et des ressources comme seul point de référence d’une société juste (Young, 1990 ; Fraser, 1995). La reconnaissance de la diversité est une condition préalable nécessaire aux groupes sociaux qui parviennent à la parité de participation et un premier pas pour « remédier » à l’injustice et faire tomber les barrières qui empêchent les gens de participer équitablement (Fraser, 1995). L’examen des groupes sociaux, plutôt que des individu·e·s comme sujet d’analyse de la justice, attire l’attention sur les inégalités structurelles (Young, 2001). Selon Young, plutôt que de présumer que la redistribution des ressources permettra de réduire l’inégalité au sein d’une société, il est nécessaire de s’assurer que les différents groupes soient identifiés (reconnaissance) et inclus tout au long des phases de conception et de mise en œuvre des politiques et des programmes sociaux. Une participation significative dépend également de la capacité des divers groupes sociaux à articuler les injustices qu’ils subissent, et d’accepter ces derniers comme des contributeurs honorables aux débats sur la justice sociale et environnementale (Thew et al., 2020).
When the impact of different forms of human diversity on process and outcomes is not recognised, policies and interventions are likely to be, at best misguided and at worst harmful. One of the principal concerns here is that of recognition. The literature on social justice argues for the importance of recognition justice as an extension of liberal justice theory (e.g., Rawls, 1971; Miller, 1999) “beyond” distribution of goods and resources as the sole benchmark of a just society (Young, 1990; Fraser, 1995). Recognition of diversity is a necessary precondition to social groups achieving parity in participation, and a first step to “remedying” injustice and removing barriers to people being able to participate equally (Fraser, 1995). Looking to social groups rather than individuals as the subjects of justice analysis, draws attention to structural inequalities (Young, 2001). Young contends that rather than assuming redistribution of resources will reduce inequality in society it is necessary to ensure that different groups are identified (recognition) and included throughout the design and implementation stages of social policies and programmes. Meaningful participation is also dependent on the ability of diverse social groups to articulate the injustices they experience and for these claimants to be accepted as “worthy” contributors to discussions of social and environmental justice (Thew, Middlemiss, and Paavola, 2020).
Certaines formes de diversité commencent à être reconnues comme étant significatives dans la manière d’aborder le développement durable, bien que nombre d’entre elles soient considérées comme étant accessoires. Par exemple, un certain nombre d’études font référence au revenu (Büchs et Schnepf, 2013), à la classe sociale (Evans, 2011 ; Johnston, 2008 ; Shirani et al., 2015) et au sexe (Hawkins, 2012 ; MacGregor, 2016 ; Vinz, 2009) comme des formes de diversité qui sont affectées par l’action sur la durabilité. Le handicap (voir ci-dessous), l’origine ethnique (Clarke et Agyeman, 2011) et l’âge (Thew et al., 2020) sont bien moins fréquemment abordés, malgré les défis associés à l’inclusion des personnes qui expérimentent ces formes de différence. Un manque de reconnaissance et d’intégration de la diversité, pendant la phase de conception, risque de conduire à des solutions qui ne s’appliquent qu’à celles et ceux qui sont impliqué·e·s. Anantharaman et al. (2019, p. 179), par exemple, ont exploré les initiatives communautaires en matière de durabilité au Royaume-Uni, au Canada et en Inde, et ont trouvé qu’elles sont souvent « initiées et conçues par des membres de la classe moyenne » et qu’elles « privilégient des tactiques apolitiques et des solutions basées sur le comportement ». Reconnaître que la diversité affecte les processus et les résultats des politiques est un premier pas nécessaire. La reconnaissance limitée de cet effet dans le champ du développement durable empêche l’identification des injustices et risque d’entraîner la reproduction d’inégalités historiques ainsi que de l’exclusion. Nous allons à présent discuter deux formes différentes d’exclusion : l’exclusion matérielle et l’exclusion symbolique, ainsi que leur pertinence pour la réflexion sur le développement durable.
Some forms of diversity are beginning to be recognised as significant in considering how to address sustainable development, but many are treated as peripheral. So, for instance, a number of studies make reference to income (Büchs and Schnepf, 2013), class (Evans, 2011; Johnston, 2008; Shirani et al., 2015) and gender (Hawkins, 2012; MacGregor, 2016; Vinz, 2009) as forms of diversity that are impacted by action on sustainability. Disability status (see below), ethnic origin (Clarke and Agyeman, 2011) and age (Thew, Middlemiss, and Paavola, 2020) are much less frequently addressed, despite the challenges associated with the inclusion of people experiencing these forms of difference. A lack of recognition and integration of diversity at the design phase is likely to lead to solutions that are only relevant to those who are involved. Anantharaman et al. (2019, p. 179), for example explored community sustainability initiatives in the UK, Canada and India and found they are often “initiated and designed by middle-class members” and “privilege apolitical tactics and behavioural solutions”. Recognising that diversity affects policy processes and outcomes is a necessary first step. The limited recognition of this effect in the field of sustainable development prevents the identification of injustices, and likely results in both the reproduction of historic inequalities, and exclusion. We now go on to discuss two different forms of exclusion: material and symbolic exclusion, and their relevance to sustainable development thinking.
L’exclusion matérielle et symbolique
Material and symbolic exclusion
L’exclusion matérielle fait référencer aux personnes qui sont exclues de l’action autour de la durabilité en raison de leurs conditions matérielles. L’exclusion matérielle a reçu la plus grande attention dans la littérature et la recherche de Deborah Fenney Salkeld sur le handicap et l’écologie est ici un point de départ évident (Fenney et Snell, 2011 ; Fenney Salkeld, 2016 ; Fenney Salkeld, 2017a ; Fenney Salkeld, 2017b). Fenney Salkeld (2017a) affirme que nombre de récits dominants concernant l’écologie, tels que le transport actif, la réduction de la consommation d’énergie et d’eau, ainsi que l’autarcie représentent une forme d’exclusion physique pour des raisons physiologiques. Certains corps peuvent exister hors réseau et sans chaleur, d’autres pas ; certains peuvent réduire la consommation d’eau et d’énergie associée aux pratiques de la propreté, d’autres pas. L’exclusion matérielle peut également être exacerbée par des différences doubles : par exemple, les personnes en situation de handicap, les jeunes, les femmes et les personnes de couleur ont plus de chance d’être économiquement pauvres, et donc d’être deux fois plus exclus.
Material exclusion refers to people being excluded from action around sustainability by virtue of their material circumstances. Material exclusion has had the most substantive attention in this literature, and Deborah Fenney Salkeld’s research on disability and environmentalism is an obvious starting point here (Fenney and Snell, 2011; Fenney Salkeld, 2016; Fenney Salkeld, 2017a; Fenney Salkeld, 2017b). Fenney Salkeld (2017a) argues that many of the dominant narratives around environmentalism, such as active transport, reducing energy and water consumption and self-sufficiency represent a form of physical exclusion for bodily reasons. Some bodies can exist off grid and without heat, some cannot; some can reduce the water and energy consumption associated with cleanliness practices, some cannot. Material exclusion can also be exacerbated by intersecting differences: for instance, disabled people, youth, women and people of colour are more likely to be economically poor, and therefore be doubly excluded.
L’exclusion symbolique est plus pernicieuse et fait référence à l’exclusion de personnes en raison de leurs goûts (Bourdieu, 1984). Dans les milieux écologistes, privilégier des pratiques et des actions particulières peut être une forme de « distinction » : l’association de pratiques écologiques « correctes » et de goûts spécifiques entraîne l’exclusion d’autres pratiques et goûts « incorrects ». Les auteur·e·s notent la tendance moralisatrice de celles et ceux qui pratiquent « correctement » l’expression de la supériorité morale, en faisant peu de cas des contraintes sociales et matérielles qui existent en association avec le goût (Littler, 2009 ; Humphery, 2010 ; Axon, 2016). Dans le contexte de la durabilité à l’échelle communautaire, l’exclusion symbolique est apparente, par exemple, dans la distinction entre la classe moyenne et les cyclistes de subsistance à Bangalore (Anantharaman, 2016), dans les goûts et l’étiquette de la classe moyenne autour de la nourriture (Anantharaman et al., 2019) et dans la tendance à caractériser l’action communautaire relative à la durabilité, en référence aux goûts de la classe moyenne (Taylor Aiken et al., 2017).
Symbolic exclusion is more pernicious, and refers to the exclusion of people by virtue of their tastes (Bourdieu, 1984). In environmentalist circles, the privileging of particular practices and actions can be a form of “distinction”: the association of “correct” environmentalist practices with specific tastes results in the exclusion of other “incorrect” practices and tastes. Authors note a moralistic tendency, with those practicing “correctly” expressing moral superiority, with limited regard for the social and material constraints that exist in association with taste (Littler, 2009; Humphery, 2010; Axon, 2016). In the community sustainability context, symbolic exclusion is apparent, for example, in the distinction between middle-class and “subsistence” cyclists in Bangalore (Anantharaman, 2016), in middle-class tastes and etiquette around food (Anantharaman et al., 2019) and in the tendency to characterise community action on sustainability to middle-class tastes (Taylor Aiken et al., 2017).
En pratique, l’exclusion matérielle et l’exclusion symbolique sont fréquemment entrelacées. De cette manière, Fenney Salkeld identifie le validisme associé à la pratique symbolique du cyclisme en écologie (Fenney Salkeld, 2017a) comme une pratique qui est intimement connectée aux identités écologistes, mais qui, matériellement, exclut de nombreux groupes qui ne peuvent pas faire du vélo. Élaborée dans la réification du cyclisme comme pratique, se trouve l’hypothèse d’un ensemble d’aptitudes physiques, ainsi que d’une capacité à faire face aux exigences émotionnelles et mentales du cyclisme dans des environnements qui sont dominés par la voiture. Le fait que le cyclisme soit réifié dans les milieux écologistes, sans appréciation critique de la réalité exclusive de la pratique, représente une forme d’exclusion symbolique pour qui ne peut pas le pratiquer. La relation entre l’exclusion matérielle et l’exclusion symbolique est mal comprise, ce qui souligne la nécessité de davantage de recherche dans ce domaine.
In practice, material and symbolic exclusion are frequently intertwined. For instance, Fenney-Salkeld identifies the ableism associated with the symbolic practice of cycling in environmentalism (Fenney Salkeld, 2017a), a practice that is intimately connected to environmentalist identities but which materially excludes many groups who cannot ride a bike. Built into the reification of cycling as a practice is an assumption of a certain set of bodily capabilities, as well as an ability to cope with the emotional and mental demands of cycling in car-dominated environments. The fact that cycling is reified in environmentalist circles, without a critical appreciation of the exclusive reality of the practice, represents a form of symbolic exclusion for those that cannot. The relationship between material and symbolic exclusion is poorly understood, further highlighting the need for further research in this field.
Les implications pour les initiatives communautaires en matière de durabilité
Implications for community sustainability initiatives
Ces concepts ont des implications considérables pour les initiatives communautaires en matière de durabilité et de manière plus générale, pour les politiques et pratiques de développement durable. Ils révèlent en quoi la pratique actuelle est exclusive. Par exemple, nous prévoyons que des cadrages étroits de la durabilité qui correspondent à des goûts et des groupes sociaux particuliers (tels que l’accent mis sur le cyclisme comme pratique écologiste de référence) risquent de produire à la fois stigmatisation et résistance. En outre, de tels cadrages risquent d’entraîner un manque d’innovation, étant donné que certains groupes sociaux ne sont pas invités à partager leurs idées ni à offrir des solutions. Lorsque les identités associées au handicap, à la classe sociale, à l’âge, au genre, à la race ou à la pauvreté sont stigmatisées par des cadrages étroits, cela peut représenter l’établissement d’une distinction entre « nous et eux », les écologistes et les autres. Cette « altérité » de pratiques interdite à certaines personnes ou à des personnes aux goûts différents ainsi que l’utilisation d’une telle altérité pour consolider des identités écologistes ont été observées dans les travaux empiriques sur la communauté et la durabilité (Axon, 2016 ; Anantharaman et al., 2019).
These concepts have significant implications for community sustainability initiatives, and indeed sustainable development policy and practice more broadly, revealing where current practice is exclusive. For instance, we anticipate that narrow framings of sustainability which appeal to particular tastes and social groups (such as a focus on cycling as a gold standard environmental practice) are likely to produce both stigma and resistance. Further, such framings are likely to result in a lack of innovation, given that some social groups are not invited to offer ideas and solutions. When identities associated with disability, class, age, gender, race or poverty are stigmatised through narrow framings, this can amount to an entrenchment of a distinction between “us and them”, environmentalists and others. This “othering” of unsanctioned practices and people with different tastes, as well as the use of such othering to shore up environmentalist identities, have been observed in empirical work on community and sustainability (Axon, 2016; Anantharaman et al., 2019).
Il existe un certain nombre de lacunes dans la recherche, lacunes associées à la recherche de manières d’inclure les gens dans les initiatives communautaires en matière de durabilité, y compris une exploration plus approfondie pour savoir qui est reconnu, qui est ignoré et la manière dont l’exclusion matérielle et symbolique entre en jeu dans les pratiques. Dans le cadre de cet article toutefois, nous désirons explorer un programme plus radical : envisager Mixed Ability comme un autre modèle d’inclusion et considérer comment un tel modèle peut être mobilisé dans la pratique de la durabilité. Notamment, étant donné que le mouvement Mixed Ability représente un modèle radicalement inclusif au sein de communautés (sportives), nous y voyons des opportunités d’apprentissage sur la manière d’améliorer l’inclusion dans les initiatives communautaires en matière de durabilité, en dehors des « suspects habituels ». Notons que Mixed Ability promeut l’inclusion de toute personne dans le cadre sportif, quelle que soit la personne concernée. Alors que l’exclusion des personnes en situation de handicap était le point de départ du mouvement, les espaces inclusifs créés grâce à cette philosophie sont conçus pour satisfaire des besoins variables. Dans le contexte des initiatives communautaires en matière de durabilité, dont les adeptes tendent à être des personnes blanches de la classe moyenne et sans handicap (Anantharaman, 2014 ; Kenis et Mathijs, 2014 ; Grossmann et Creamer, 2016 ; Taylor Aiken et al., 2017 ; Anantharaman et al., 2019), il serait très utile de comprendre comment les choses pourraient être faites différemment.
There are a number of research gaps here, associated with finding ways to include people in community sustainability initiatives, including further exploration of who is recognised, who is ignored, and how material and symbolic exclusion play out in practice. For the purposes of this paper, however, we wish to explore a more radical agenda: to explore Mixed Ability as an alternative model for inclusion, and to consider how this might be mobilised for use in sustainability practice. In particular, given that the Mixed Ability movement represents a radically inclusive model within (sports) communities, we see opportunities for learning about how to improve inclusion in community sustainability initiatives beyond the “usual suspects”. Note that Mixed Ability is about including people in sport no matter who they are: while exclusion of disabled people was the starting point, the inclusive spaces that are created under this ethos are designed to accommodate mixed needs. In the context of community initiatives on sustainability which tend to have a middle-class, white and able-bodied following (Anantharaman, 2014; Kenis and Mathijs, 2014; Grossmann and Creamer, 2016; Taylor Aiken et al., 2017; Anantharaman et al., 2019), there is huge value in understanding how this could be done differently.
Présentation du mouvement Mixed Ability
Introducing the Mixed Ability movement
En 2009, Anthony Brooke, atteint de paralysie cérébrale et souffrant de troubles d’apprentissage, voulait jouer au rugby (avec contact). Il avait régulièrement servi de porteur d’eau dans son club local du comté de Yorkshire, en Angleterre, mais on l’avait empêché de prendre une part plus active en raison des risques de blessures perçus. On lui avait seulement offert de prendre part à d’autres formats du jeu, tels que le rugby « tag and touch » (versions sans contact). Dans le cadre d’une classe pédagogique promouvant l’autonomie sociale, on lui a recommandé de consulter la Fédération anglaise de rugby (RFU). Le membre du bureau régional de la RFU a suggéré d’organiser une séance d’entraînement au club de rugby de Bradford & Bingley, où Anthony pourrait suivre un entraînement pour jouer au rugby (avec contact). Le premier samedi d’entraînement en 2009, il y avait quatre joueur·se·s, cinq entraîneu·se·s et l’éducateur de la classe. L’entraînement hebdomadaire coïncidait avec le jour de match des deux premières équipes de Bradford & Bingley, et progressivement les autres joueur·se·s et entraîneur·se·s ont commencé à s’intéresser et à participer, ou, en effet, à être activement recruté·e·s par Anthony qui ne s’était jamais posé la question de savoir si les joueur·se·s en situation de handicap et sans handicap devraient ou pouvaient jouer ensemble. D’autres joueur·se·s en situation de handicap ont été recruté·se·s par des associations de soutien aux personnes avec un handicap et d’autres joueur·se·s sans handicap se sont entraîné·se·s et ont joué avec elles et eux également.
In 2009, Anthony Brooke, a man with Cerebral Palsy and learning difficulties wanted to play full-contact rugby. He had regularly served as the “water-boy” at his local club in Yorkshire, England, but had been prevented from taking part more actively due to perceived risks of injury, and was only offered alternative formats of the game such as tag and touch. As part of an educational class promoting self-advocacy, he was supported to approach England’s Rugby Football Union (RFU) to seek advice. The RFU Regional Officer suggested setting up a training session at the Bradford and Bingley Rugby Club where Anthony could be coached to play the full-contact version of rugby. The first Saturday training session in 2009 was attended by four players, five coaches and the class tutor. The weekly training coincided with the Bradford and Bingley 1st and 2nd Team match day and gradually other players and coaches started expressing an interest and getting involved, or indeed, were actively recruited by Anthony, who never questioned whether disabled and non-disabled players should or could play together. Further disabled players were recruited through disability service organisations and other non-disabled players trained and played alongside.
De cette manière plutôt organique, l’injustice et l’exclusion associées à la non-reconnaissance à laquelle Anthony a été confronté ont été surmontées, donnant naissance à la première équipe de rugby de Mixed Ability en Angleterre, les Bumble Bees. Les joueur·se·s atteints ou non de troubles d’apprentissage et/ou de handicap physique y jouent ensemble au rugby (avec contact). Le milieu sportif créé par cette initiative signifie que les joueur·se·s qui avaient arrêté de jouer à cause, entre autres, de blessures, de maladies, d’un manque d’estime ou de confiance en elles et eux, ou encore d’une mobilité déclinante, sont revenu·e·s au club pour faire partie de la nouvelle équipe, et tou·te·s ces joueur·se·s ont commencé à concourir. Élément plus important encore, les joueur·se·s en situation de handicap sont devenu·se·s membres à part entière du club et ont commencé à profiter des éléments physiques et sociaux du jeu. Cette situation diffère notablement du contexte historique et actuel du sport pour personnes en situation de handicap au Royaume-Uni qui est en majorité spécifique au handicap, se déroule ponctuellement plutôt qu’en continu, catégorise les différents handicaps et n’encourage ni l’inscription des joueur·se·s en situation de handicap dans les clubs ni les activités sociales avec les joueur·se·s sans handicap.
In this rather organic way, the recognition injustice and exclusion that Anthony had faced were overcome and England’s first Mixed Ability rugby team, the Bumble Bees, was born, where players with and without learning and/or physical disabilities play alongside each other in the same full-contact rugby game. The sporting environment that was created through this initiative meant that players who had stopped playing because of (among other things) injury, illness, poor self-perception/confidence and decreased mobility also returned to the club to join in the new team, and all these players started to compete together. Importantly, disabled players also became integrated as full members of the club and began to enjoy both physical and social elements of the game. This differed markedly from the current and historical context of disability sport in the UK, the majority of which is disability specific, occurs in discrete blocks of activity rather than continuously, categorises different disabilities and does not encourage club membership or social activities with non-disabled participants.
Martino Corazza et Jen Dyer (2017) ont évalué l’expérience des joueur·se·s de rugby dans la cadre du mouvement Mixed Ability et ont trouvé que les avantages de leur participation étaient évidents au niveau de l’individu·e, du club et de la communauté. Ces avantages incluent des réseaux sociaux étendus et plus diversifiés, un développement personnel, une adhésion plus grande et diversifiée dans les clubs, un changement de perception autour du handicap et du non-handicap, ainsi que des clubs et des communautés plus inclusifs. L’une des citations les plus puissantes d’un participant sans handicap témoigne de cet impact plus large et de ce changement fondamental de perception :
Martino Corazza and Jen Dyer (2017) evaluated participants’ experiences of Mixed Ability rugby and found that benefits of participating were evident at the individual, club and community level. These included expanded and more diverse social networks, personal development, expanded and more diverse club membership, perception shifts around dis/ability, more inclusive club environments and communities. One of the most powerful quotes from a non-disabled participant, which captures this broader impact and fundamental perception shift was:
« Ce qui m’a impacté le plus, c’est mon changement d’attitude envers tous les gens que je rencontre désormais […] je ne m’inquiète pas de si ce que je dis ou je fais est correct […] Je vois la personne d’abord. »
“The biggest impact on me has been the change in my attitude to all people I come across now […] I do not worry about whether I’m saying or doing the right thing […] I see the person first.”
Au fur et à mesure que les Bumble Bees prenaient de l’ampleur, iels ont été contactés par les Llanelli Warriors, qui ont offert de partager leur expérience d’un format de rugby similaire au Pays de Galles. Un réseau de clubs de rugby dans le cadre du mouvement Mixed Ability a alors commencé à se développer. Aujourd’hui, plus de 10 ans après la toute première séance d’entraînement, les Bumble Bees ont plus d’une quarantaine de joueur·se·s inscrit·se·s, jouent régulièrement dans des rencontres avec des équipes communautaires locales « qui ne sont pas en situation de handicap », et participent régulièrement à des tournées de rugby.
As the Bumble Bees developed, they were contacted by the Llanelli Warriors, who offered to share their experience of a similar format of rugby in Wales, and a network of Mixed Ability rugby clubs began to develop. Now, more than 10 years on from that first training session, the Bumbles have 40+ registered players, play regular fixtures against local, “non-disabled” community teams, and regularly participate in rugby tours.
Le potentiel de ce modèle de service sportif jouant un rôle transformateur au sein de la société a été reconnu par les fondateur·rice·s de l’association d’intérêt communautaire, l’International Mixed Ability Sports (IMAS). À ce jour, il n’y a pas eu de réflexion sur la manière dont les enseignements du Mixed Ability peuvent être intégrés dans les politiques et les pratiques de développement durable. Cet article vise à combler ce vide grâce aux objectifs suivants : 1. évaluer le potentiel du mouvement Mixed Ability pour « remédier » à l’injustice et à l’exclusion associées à la non-reconnaissance ; 2. mieux comprendre les réalités de l’injustice et de l’exclusion associées à la non-reconnaissance à travers le mouvement Mixed Ability ; 3. considérer ce que cela signifie pour l’inclusion et la justice dans les initiatives en matière de durabilité.
The potential for this model of sports provision to play a transformative role in society was recognised by the Founders of the Community Interest Company, International Mixed Ability Sports (IMAS). Thus far, consideration of how learning from the Mixed Ability movement can be integrated into sustainability policy and practice is lacking. This paper aims to fill that gap by addressing the following objectives: 1. to evaluate the potential of the Mixed Ability movement to “remedy” recognition injustice and exclusion; 2. to better understand the realities of recognition injustice and exclusion through the Mixed Ability movement; 3. to consider what this means for inclusion and justice in sustainability initiatives.
Méthodes
Methods
La chercheure principale s’est investie dans divers rôles, depuis 2014, au sein du mouvement Mixed Ability au Royaume-Uni, ce qui lui a permis de se plonger dans une étude ethnographique approfondie au fil du temps. L’ethnographie est une méthodologie qualitative d’études qui permet d’étudier en détail la vie quotidienne et les interactions sociales. Cette participation prolongée et active lui a permis de s’immerger dans les pratiques sociales et culturelles entourant le mouvement Mixed Ability et d’accéder à une multitude de perspectives et d’observations, dont elle n’aurait pu être au courant si elle était venue de l’extérieur (Hammersley et Atkinson, 2007). Cela est très précieux lorsque l’on étudie des groupes sociaux marginalisés et peu compris, pour s’assurer que la recherche n’exacerbe pas la marginalisation en ne percevant la situation qu’à travers le point de vue du groupe social dominant (Hammersley et Atkinson, 2007). Le rôle de la réflexivité à cet égard est essentiel en ce qui concerne sa propre position lors de la collecte et de l’interprétation des données (Atkinson, 2001), mais également pour permettre un aperçu critique à travers le développement inductif ainsi que la mise à l’épreuve et le perfectionnement continus d’une théorie. La chercheure passe brièvement en revue sa participation : « Ma participation dans le mouvement Mixed Ability a commencé lorsque j’ai aidé l’association IMAS à organiser son premier tournoi international de rugby qui s’est tenu à Bradford (Royaume-Uni) en 2015. Je suis ensuite devenue membre fondateur du Forum Mixed Ability d’IMAS et ai fourni un soutien et des conseils continus autour du suivi, de l’évaluation et de la communication par exemple. En plus de ma participation soutenue, j’ai dirigé une évaluation du programme pour le développement des sports dans le cadre du mouvement Mixed Ability (MASDP) financé par Sport England, entre novembre 2016 et janvier 2019, lorsqu’IMAS a commencé à tester Mixed Ability avec d’autres sports en Angleterre » (Dyer, Sandford et Beckett, 2019).
The lead researcher has been involved with the Mixed Ability movement in the UK in various roles since 2014, resulting in extensive ethnographic engagement over time. Ethnography is a deep, qualitative methodology that permits detailed investigation in everyday lives and social interactions, and this sustained, active involvement meant she was able to immerse herself in the social and cultural practices around Mixed Ability, gaining access to a wealth of perspectives and observations she may not have been privy to as an “outsider” (Hammersley and Atkinson, 2007). This is particularly valuable when studying marginalised and poorly understood social groups to ensure that research does not exacerbate marginalisation by perceiving the situation only through the lens of the dominant social group (Hammersley and Atkinson, 2007). The role of reflexivity in this is key both regarding one’s own positionality in collecting and interpreting data (Atkinson et al., 2001) but also in permitting deep critical insights through inductive development and ongoing testing and refinement of theory. Here she briefly outlines her involvement: “My involvement in the Mixed Ability movement started when I helped IMAS organise the first International Mixed Ability Rugby Tournament held in Bradford (UK) in 2015. I then became a founding member of the IMAS Mixed Ability Forum and provide ongoing support and guidance around, for example, monitoring and evaluation and communication. As well as sustained involvement with IMAS, I led an evaluation of the Sport England-funded Mixed Ability Sports Development Programme (MASDP), between November 2016 and January 2019, where IMAS began trialling Mixed Ability in new sports in England” (Dyer, Sandford and Beckett, 2019).
Lors de ce programme pour le développement des sports, des entretiens approfondis individuels et en petits groupes, des groupes de discussion et des ateliers ont été dirigés auprès de diverses parties intéressées, dont les participant·e·s de Mixed Ability, des entraîneur·se·s, des représentant·e·s de clubs, des représentant·e·s d’IMAS et de comités directeurs nationaux de sport (soit 129 personnes en tout) (Dyer, Sandford et Beckett, 2019). Dans chacun de ces cas, les questions posées portaient sur la motivation des participations, l’expérience, l’impact et l’établissement de rapports entre Mixed Ability et d’autres domaines de la société, tels que le lieu de travail et le milieu de l’éducation. J’ai participé activement aux événements sportifs de Mixed Ability et à d’autres événements pertinents de l’IMAS, et j’y ai observé les participant·e·s. Ces événements incluaient une classe hebdomadaire de boxe, des journées d’inclusion et de présentation de l’IMAS, ainsi que de séances de tennis, de boules, de golf, d’aviron, de cricket, de natation et de KinBall (soit environ 93 séances/événements). Dans toutes ces situations d’observation ou de participation, j’informais – ou l’organisateur·ice informait – systématiquement les participant·e·s du fait que j’étais chercheure. La recherche était développée conjointement avec l’IMAS et Sport England et il était crucial pour nous d’écouter ce que les diver·se·s participant·e·s et autres parties intéressées importantes avaient à dire, étant donné que la recherche devait servir à la conception et à la livraison du projet MASDP. Ceci répond aux appels lancés, entre autres, par Janice Ollerton (2012), Debbie Kramer-Roy (2015) et Andrea Hollomotz (2018).
Over the course of the MASDP, in-depth individual and small-group interviews, focus groups and workshops were carried out with a range of stakeholders including Mixed Ability participants, coaches, club representatives, IMAS representatives and national governing bodies of sport (n=129) (Dyer, Sandford and Beckett, 2019). In each case, questions were themed around motivations to be involved, experiences, impacts and relating Mixed Ability to other areas of society such as the workplace and education. I actively participated in and/or observed participants in Mixed Ability sports and other relevant IMAS events, including a weekly boxing class, IMAS taster days and presentations, tennis, bowls, golf, rowing, cricket, swimming and KinBall sessions (n=~93 sessions/events). In all cases where I was observing and/or taking part in activities, participants were made aware I was a researcher through self-introduction or an introduction by the organiser of the activity. The research was co-developed with IMAS and Sport England and it was crucial to all of us that the voices of a variety of participants and other key stakeholders were heard as the research was feeding into design and delivery of the MASDP project. This aligns with calls from, among others, Janice Ollerton (2012), Debbie Kramer-Roy (2015), and Andrea Hollomotz (2018).
Vers la fin du projet MASDP, l’IMAS m’a demandé de faire une étude de cas approfondie de la première équipe de rugby Mixed Ability en Irlande, les Sunday’s Well Rebels (SWR). Cela m’a permis d’observer l’équipe en action, aussi bien sur le terrain que dans le contexte social. J’ai mené des entretiens semi-directifs avec des entraîneur·se·s, des médecins du sport, des coordonnateur·rice·s d’équipe, des joueur·se·s, des parents de joueur·se·s et des représentant·e·s de l’IMAS (soit 23 personnes en tout). Ces entretiens portaient encore une fois sur la motivation, l’expérience et l’impact du rugby dans le cadre du mouvement Mixed Ability, ainsi que sur l’établissement de rapports entre Mixed Ability et d’autres domaines de la vie et de la société. La section suivante rassemble les données obtenues par ces diverses voies de recherche sur le mouvement Mixed Ability. Bien que la recherche représente un large ensemble de données, la nature particulière du contexte signifie que des généralisations au-delà du Royaume-Uni pourraient ne pas être appropriées.
Towards the end of the MASDP project, IMAS asked for an in-depth case study of the first Mixed Ability rugby team in Ireland, the Sunday’s Well Rebels (SWR). This allowed me to observe the team in action both playing rugby and socially. I carried out semi-structured interviews with coaches, medics, team coordinators, players, parents of players and IMAS representatives (n=23). These were, again, themed around motivations, experiences and impacts of Mixed Ability rugby, as well as relating Mixed Ability to other areas of life and society. The following section brings together data from these various ways of researching the Mixed Ability movement. While this research represents a large body of data, the context specific nature means generalisations beyond the UK would not be appropriate.
Mixed Ability : une approche radicale de l’inclusion communautaire
Mixed Ability: a radical approach to community inclusion
Le potentiel de transformation à travers le mouvement Mixed Ability a lieu grâce à un mélange innovant de reconnaissance positive du handicap, une inclusion significative de voix diverses à chaque étape du processus plutôt que leur ségrégation ainsi qu’une combinaison de l’éducation par les pairs et de l’apprentissage par l’expérience. Les résultats pratiques de Mixed Ability ont un impact en matière de justice sociale pour les personnes en situation de handicap, y compris, par exemple, en rendant les installations sportives plus accessibles, en envisageant des modèles alternatifs de droits d’inscription dans les clubs, en s’assurant que la longueur des séances est appropriée et en développant des ajustements créatifs aux activités pour garantir que tout le monde puisse participer de manière significative. La vraie transformation, toutefois, qui se produit à travers l’apprentissage par l’expérience dans les contextes sportifs du mouvement Mixed Ability, réside dans la compréhension des participant·e·s de ce que signifie l’inclusion et de la manière de la pratiquer.
The potential for transformation through Mixed Ability occurs through an innovative mixture of positive recognition of disability, meaningful inclusion of a diverse range of voices at every stage of the process rather than segregation, and combining peer education with experiential learning. The practical outcomes of Mixed Ability have an impact on social justice outcomes for disabled people, including, for instance making sporting facilities more accessible, considering alternative financial membership models, ensuring the timings of sessions are appropriate and developing creative adjustments to activities to ensure everyone can take part meaningfully. The real transformation, however, which comes about through experiential learning in Mixed Ability sports settings, is in participants’ understandings of what inclusion means, and how to practice it.
Lorsque les participant·e·s du mouvement Mixed Ability issus d’une grande diversité de milieux et aux capacités diverses partagent leurs expériences et ce qu’iels ont appris par rapport à l’égalité, la diversité et l’inclusion, les perceptions commencent à changer. Dans de nombreux clubs sportifs, les comités reflètent la population blanche de classe moyenne et sans handicap des initiatives communautaires en matière de durabilité. Lorsque les participant·e·s du mouvement Mixed Ability partagent leurs diverses expériences avec leurs pairs, on voit souvent un sentiment palpable de gêne se développer au fur et à mesure que se révèlent les problèmes invisibles de la méconnaissance. Les participant·e·s du mouvement Mixed Ability parlent ouvertement de la discrimination à laquelle iels ont été confrontés, des impacts qu’elle a eu sur elles et eux, ainsi que des accomplissements qu’iels ont connus grâce au sport pratiqué dans le cadre du mouvement Mixed Ability. À ce stade de la conversation, nombreux·ses sont celles et ceux qui commencent à réfléchir sur les données démographiques de leur club. Un club de sport qui a embrassé le mouvement Mixed Ability n’a pas trouvé le processus très facile :
When Mixed Ability participants from a wide range of backgrounds and abilities share their experiences and learning around equality, diversity and inclusion, perceptions start to shift. In many sports clubs, committees mirror the white middle-class, able-bodied demographics of community sustainability initiatives. When Mixed Ability participants share their diverse experiences with their peers, there is often a palpable sense of discomfort as the invisible politics of misrecognition are exposed. Mixed Ability participants speak openly of discrimination they have faced, and the impacts it has had on them, and also of the achievements they have made through Mixed Ability sport. Many at this point begin reflecting on the demographics of their club. One sports club which has embraced Mixed Ability didn’t find this an altogether smooth process:
« Lorsque nous avons prononcé les mots “Mixed Ability” et “handicap”, c’était comme si [gros soupir], simplement parce que c’est un club très traditionnel, un club réservé aux adhérents ; et donc le fait de voir venir des non-membres, les membres disaient “c’est un club de tennis et de squash, on ne peut pas commencer à y faire de la boxe et de la danse”. Mais aujourd’hui [les membres ont] vu les effets que cela a eu sur les gens, et le fait que ces participants vont et socialisent à l’étage, et le fait que les membres les ont rencontrés et qu’ils se sont investis eux-mêmes, ça a beaucoup changé les choses, et maintenant tous disent “nous voulons plus de sports avec Mixed Ability, nous voulons plus de classes”. Et aujourd’hui ils veulent même se porter volontaires lors des journées portes ouvertes. » (Déclaration lors d’un entretien avec un représentant d’un club sportif basé à Bradford dans le cadre de l’évaluation du MASDP [Dyer, Sandford et Beckett, 2019])
“When we first mentioned the words ‘Mixed Ability’ and ‘disability’ it was like [sharp intake of breath] just because it’s a very traditional club, it was a members-only club so the fact that non-members would be coming in, it’s ‘well this is a tennis and squash club, you can’t start doing boxing and dance.’ But now, [the members have] seen the effect it’s had on people and the fact that these participants go and socialise upstairs and they’ve met them and they’ve got involved themselves, it’s massively changed and they’re all ‘we want more Mixed Ability sports, we want more classes on’. And they’re happy to volunteer for open days now too.” (Statement from an interview with a representative of Bradford-based sports club as part of the MASDP evaluation [Dyer, Sandford and Beckett, 2019])
Cette déclaration révèle le validisme d’un club qui, auparavant, pensait être « accueillant ». Elle souligne l’exclusion matérielle et symbolique à travers les perceptions de « non-membres » et même à travers différents sports qui ne correspondaient alors pas aux goûts des membres. Cependant, elle souligne également le fait que la reconnaissance positive des « autres » peut être facilitée en créant un apprentissage par les pairs entre divers individu·e·s (qui dans d’autres circonstances ne se considéreraient pas comme des pairs) et que ces perceptions et les goûts peuvent changer grâce à l’exposition à une plus grande diversité.
This quote reveals the ableist nature of a club, which previously thought of itself as “welcoming”. It highlights material and symbolic exclusion through perceptions of “non-members” and even through different sports, which did not previously align with existing members’ tastes. However, it also highlights that if positive recognition of “others” can be facilitated by creating peer learning between diverse individuals (who under other circumstances may not consider themselves as peers) then these perceptions can be broken down and tastes can change through exposure to variety.
En tant que forme d’apprentissage par l’expérience, l’activité sportive dans le cadre du mouvement Mixed Ability est particulièrement efficace, parce que la pratique du sport incarne l’apprentissage à la fois de manière littérale et figurative, et que ce n’est seulement qu’après que les gens réfléchissent au fait qu’ils ont interagi avec des personnes qu’ils auraient, auparavant, qualifiées « d’autres ». L’impact de l’interaction dans un environnement sportif et de la réflexion ultérieure est substantiel et nombreuses sont les personnes interrogées qui parlent d’un profond changement de pensée :
As a form of experiential learning, Mixed Ability sport is particularly effective because the practical sport element embodies the learning both literally and figuratively, and only afterwards do people reflect on the fact that they have been interacting with people who they previously would have thought of as “other’. The impact of interaction in a sporting environment and subsequent reflection is substantial and many research respondents spoke of a powerful shift in thinking:
« Si j’avais vu l’un des garçons [en situation de handicap] en ville, j’aurais traversé la rue. Je n’avais aucune expérience, aucun rapport avec Mixed Ability. Ils me rendaient très nerveux lorsque je venais m’entraîner. Ça a eu un impact énorme sur moi de participer comme ça. Je n’aurais jamais pensé être capable de participer. » (Déclaration lors d’un entretien avec un joueur des SWR)
“When I saw one of the [disabled] lads in town I would have crossed the road. I had no experience, no relations with Mixed Ability. I was fierce nervous of them when I came out training. It’s had a massive impact on me being involved in this. I’d have been the last person I would have expected to be involved.” (Statement from an interview with an SWR player)
« Ça me rendait [un peu inconfortable], mais une fois que j’ai commencé à m’investir personnellement et à être dans un bateau avec [les participants de Mixed Ability], tout ça a disparu. Et je pensais : “ça m’a fait du bien, vraiment, de faire partie de cette séance d’entraînement”. Ça m’a permis d’être plus à l’aise avec des gens alors que je ne comprends pas ce qu’ils disent. » (Déclaration lors d’un entretien avec un membre de l’équipe Mixed Ability du club amateur d’aviron de Bradford dans le cadre de l’évaluation du MASDP [Dyer, Sandford et Beckett, 2019])
“I did feel [a bit uncomfortable] but once I started becoming personally involved and being in a boat with [the Mixed Ability participants], all that went away. And I just thought ‘It’s done me some good really, being part of this training session.’ For me it has made it easier to be around people when I don’t understand what they’re saying.” (Statement from an interview with a member of the Bradford Amateur Rowing Club Mixed Ability squad as part of the MASDP evaluation [Dyer, Sandford and Beckett, 2019])
« M’investir dans le rugby avec Mixed Ability m’a permis d’être moins rapide à juger les gens et m’a permis de mieux comprendre et d’être plus conscient des besoins et des capacités des gens. » (Déclaration lors d’un groupe de discussion avec les joueurs des SWR)
“Being involved with Mixed Ability rugby has made me less quick to judge people and given me a much better understanding and awareness of people’s needs and abilities.” (Statement from a focus group with SWR players)
Adepte de la philosophie de Mixed Ability, l’équipe de rugby des SWR porte son attention sur l’inclusion et célèbre ce qu’on peut faire plutôt que ce qu’on ne peut pas faire, ce qui a également un impact profond sur l’inclusion des joueurs en situation de handicap :
In line with the Mixed Ability ethos, the SWR rugby team is focused around inclusion and celebration of what you can do rather than what you cannot, this also has profound impacts on the inclusion of disabled players:
« Un nouveau joueur a rejoint l’équipe ; il a ça dans l’âme et il est incroyable. Il a une sorte de handicap, je ne sais pas quoi, mais on s’en fiche. Et il n’aurait pas rejoint une autre équipe de rugby, mais il a été incroyable dès le premier jour. Avoir un handicap ne veut pas dire qu’on ne peut pas être bon au rugby, il n’y a aucune corrélation. » (Déclaration lors d’un entretien avec l’entraîneur des SWR)
“There is a new player who has joined the team and he is a natural and he is fantastic. He has some sort of disability, I don’t know what, it doesn’t matter. And he wouldn’t have joined a different rugby team but he’s been amazing from day one. There is no correlation between what disability you have and how good you are at playing rugby.” (Statement from an interview with an SWR coach)
« Ça a un impact énorme de voir son enfant participer et être traité de la même manière que les autres. C’est énorme. Il n’y a pas de commentaires du genre “Oh les pauvres” ; ils participent vraiment et se font plaquer comme les autres. » (Déclaration du père d’un joueur de l’équipe des SWR [qui joue également] lors d’un groupe de discussion)
“It’s a massive impact to see your child getting involved and being treated the same as anyone else. Massive. There’s no kind of ’bless ’em’, they are genuinely involved, they get tackled the same as anyone else.” (Statement from a father of an SWR player [who also plays himself] in a focus group)
Lorsque les équipes de rugby du mouvement Mixed Ability jouent contre des équipes de la communauté qui ne font pas partie du mouvement, les impacts sont encore plus significatifs. Les joueur·se·s sans handicap perçoivent leurs coéquipier·ère·s en situation de handicap, ainsi que leurs adversaires, comme des pairs plutôt que comme « les autres ». Les perceptions sur le handicap peuvent ainsi être brisées par des interactions avec un plus grand groupe de personnes, permettant souvent d’exposer les préjugés ou les stéréotypes inconscients. Une autre conséquence involontaire du mouvement Mixed Ability est que cela est clairement devenu une manière de commencer le sport, permettant d’offrir un espace accueillant, sécurisant et sans jugement à une grande variété de participant·e·s atteints, ou non, de handicaps, ayant déjà rencontré des obstacles alors qu’iels voulaient pratiquer un sport et à qui leur implication profite socialement et physiquement. La reconnaissance et la célébration initiales d’une forme de différence sociale permettent aux personnes touchées par d’autres formes de différence sociale de se sentir moins exclues et capables d’envisager de s’investir tout en mettant en question le déni des différences par le groupe dominant.
When Mixed Ability rugby teams play community opposition teams, who are not Mixed Ability, the impacts are spread further. Non-disabled players come to perceive their disabled teammates and opposition as peers rather than as “others”. In this way, perceptions of disability are broken down by interacting with a larger number of people, often exposing unconscious prejudices or stereotypes. Another unintended consequence of Mixed Ability is that it has noticeably broadened into an approach to sport, which offers a safe, welcoming and non-judgemental space to a huge variety of participants both with and without disabilities who have previously faced barriers to participation, and who are benefiting socially and physically from being involved. The initial recognition and celebration of one form of social difference lead to people with other forms of social difference feeling less excluded and able to consider getting involved whilst challenging the blindness to difference held by the dominant group.
Le mouvement Mixed Ability représente une réponse transformatrice face à l’injustice associée à la non-reconnaissance, réponse qui « aborde les causes sous-jacentes de l’inégalité » en déconstruisant les relations de reconnaissance au sein de clubs sportifs et des communautés en général. Le mouvement Mixed Ability modifie le sentiment de soi de chaque participant·e, perturbant les modèles de reconnaissance sociale et de soi qui érodent l’idée de « l’autre ». Toutefois, le sport pratiqué dans le cadre du mouvement Mixed Ability a lieu dans le contexte social du Royaume-Uni qui est fermement validiste et capacitiste. Dans la section suivante, nous documentons certains des défis auxquels ces initiatives ont été confrontées dans la promotion de l’inclusion radicale.
The Mixed Ability movement represents a transformative response to recognition injustice, which addresses the underlying causes of inequality by deconstructing the relations of recognition within sports clubs and wider communities. The Mixed Ability movement changes every participant’s sense of self, disrupting the patterns of self and social recognition that erodes the idea of the “other”. However, Mixed Ability sport happens within a UK social context which is decidedly ableist and disableist. In the next section, we document some of the challenges that these initiatives have faced in promoting radical inclusion.
Défis d’inclusion du mouvement Mixed Ability
Challenges to achieving inclusion in the Mixed Ability movement
Diriger une recherche sur le mouvement Mixed Ability offre également un aperçu de la manière dont l’injustice et l’exclusion associées à la non-reconnaissance se manifestent autour du handicap au Royaume-Uni. Nous explorons ci-dessous les défis liés à l’accomplissement de l’inclusion.
Researching the Mixed Ability movement also provides an insight into how recognition injustice and exclusion manifests around disability in the UK. Challenges to achieving inclusion are explored below.
Langue de l’altérité : « nous et elles·eux »
Othering language: “us and them”
Lorsque nous présentons et cherchons à expliquer une activité sportive, dans le cadre du mouvement Mixed Ability, à des participant·e·s, des clubs potentiels et d’autres parties prenantes, les gens trouvent souvent difficile de comprendre comment ça « marche » et d’être à l’aise avec le concept, même après une séance initiale d’entraînement de l’IMAS. Une hypothèse existe selon laquelle le sport pratiqué dans le cadre du mouvement Mixed Ability traduit un dispositif adapté pour l’inclusion des personnes en situation de handicap et qui porte tout simplement un nom différent. Cette supposition entraîne un certain nombre d’implications qui ne correspondent pas à la philosophie de Mixed Ability, c’est-à-dire celle d’une inclusion sincère et significative. Par exemple, les personnes sans handicap se voient souvent comme des « bénévoles » plutôt que des participant·e·s à parts égales, ce qui rend le recrutement de contributeur·rice·s sans handicap plus difficile. Cela ressort dans le langage utilisé, souvent basé sur « nous et elles·eux » plutôt que sur « nous tous ensemble », ce qui correspond plus à la philosophie de Mixed Ability et au concept de Nancy Fraser (1995) concernant la justice associée à la reconnaissance comme une parité de participation pour tous.
When introducing and seeking to explain Mixed Ability sport to potential new participants, clubs, and other key stakeholders, it is often difficult for people to understand how it “works” and be comfortable with it even after an initial IMAS training session. There is an assumption that Mixed Ability sport is disability provision under a new or different name. This leads to a number of outcomes which are not in line with the Mixed Ability ethos: one of genuine and meaningful inclusion. For example, non-disabled people often see themselves as “volunteers” rather than equal participants making it challenging to recruit non-disabled contributors. This plays out in the language used which is often around “us and them” rather than “all of us together”, which is more in line with the Mixed Ability ethos and with Nancy Fraser’s (1995) concept of recognition justice as parity in participation for all.
Une attitude basée sur « nous et elles·eux » est problématique par rapport aux objectifs du mouvement Mixed Ability, car elle ne suggère ni n’encourage l’inclusion, mais sous-entend plutôt une approche ségréguée du handicap et renforce l’idée que l’interaction avec les personnes en situation de handicap est un acte de charité. En termes plus pratiques, une attitude basée sur « nous et elles·eux » est problématique, car le mouvement Mixed Ability promeut une offre sportive durable et financièrement viable (c’est-à-dire que tout le monde doit payer). Aussi, les bénévoles qui tendent à ne pas vouloir contribuer financièrement sont souvent moins fiables et peuvent ne pas continuer à participer aussi longtemps que celles et ceux qui participent par plaisir et pour des raisons personnelles.
An “us and them” attitude is problematic in relation to the Mixed Ability movement’s objectives, as it does not suggest or encourage inclusion, instead suggesting a segregated approach to disability, as well as positioning the idea of interacting with people with disabilities as a charitable act. In more practical terms the “us and them” attitude is problematic as the Mixed Ability movement promotes sustainable sports provision which is financially viable (i.e. everyone needs to pay) and volunteers tend not to want to contribute financially are often less reliable and may not continue to participate for as long as those who would be participating for their own gains and enjoyment.
L’attitude basée sur « nous et elles·eux » représente une exclusion directe de l’activité sportive à travers des attitudes sociales envers le handicap. Dans nombre de cas, cela est dû à un manque de sensibilisation ou de compréhension du handicap, dans d’autres cas, cela reflète la manière dont notre société est ségréguée. Le concept de sport pour personnes en situation de handicap comme entité séparée qui nécessite le soutien de bénévoles pour l’aider à fonctionner est de loin le concept le plus familier au Royaume-Uni et le mouvement Mixed Ability propose une alternative que beaucoup trouvent difficile à comprendre. Ces erreurs de compréhension soulignent les perceptions sociales prédominantes par rapport au handicap comme nécessitant une action charitable, une assistance et de la bonté, ce contre quoi se battent fortement les associations de personnes en situation de handicap (Cameron, 2007). De nombreuses personnes prenant part aux activités sportives dans le cadre du mouvement Mixed Ability ont pu indiquer d’autres domaines de la société qui bénéficieraient de l’approche du mouvement Mixed Ability, comme l’a déclaré l’un des médecins du sport de l’équipe des SWR :
The “us and them” attitude represents direct exclusion from sport through social attitudes to disability. In many cases this is due to a lack of awareness or understanding of disability, in others it is a reflection of how our society is segregated. The concept of disability sport as a separate entity which requires volunteers to help it run is far more familiar in the UK, and the Mixed Ability movement is proposing an alternative that many find hard to understand. These misunderstandings emphasise predominant social perceptions of disability as needing charity, help and kindness, which disabled people’s organisations campaign strongly against (Cameron, 2007). Many of those involved in Mixed Ability sport were able to highlight other areas of society which would benefit from a Mixed Ability approach, such as one of the SWR medics who stated:
« Beaucoup [des joueurs des SWR] sont capables d’en faire tellement plus que ce qu’on leur permet de faire au sein du système. Le système s’érige contre eux. On les catalogue et on les évalue et on les évalue et on les évalue et “ce gars peut travailler 4 heures par jour et il peut travailler chez Tesco” et il est capable de tellement plus. C’est de l’autodestruction ! » (Déclaration lors d’un entretien avec un médecin du sport de l’équipe des SWR)
“A lot of the [SWR players] are capable of so much more than they are allowed to do within the system. The system is set up against them. They are pigeonholed and assessed and assessed and assessed and ‘this guy can work 4 hours a day and he can work at Tesco’ and he’s capable of so much more. It’s self-defeating!” (Statement from an interview with an SWR medic)
Idées préconçues sur le handicap et le non-handicap
Preconceived ideas of dis/ability
Une supposition générale autour de l’activité sportive pratiquée dans le cadre de Mixed Ability est que les personnes qui présentent des troubles d’apprentissage et/ou qui sont atteintes d’un handicap physique auront des niveaux de compétences plus faibles et qu’elles progresseront et apprendront moins rapidement que les autres dans le contexte d’un nouveau sport. Cette supposition crée un autre défi à surmonter lors du recrutement de participant·e·s sans handicap, en ce sens qu’iels pensent souvent que les activités sportives dans le cadre du mouvement Mixed Ability ne leur demanderont pas d’effort. En fait, dans le contexte du mouvement Mixed Ability, il est clair qu’il existe une différence marquée entre le handicap/non-handicap et les compétences et les deux ne devraient pas être mélangés. Alors que beaucoup pensent qu’il est possible de prédire si une personne sera bonne pour un sport par le fait qu’elle a un handicap, le sport pratiqué dans le cadre du mouvement Mixed Ability remet cela en question. En effet, dans une classe de boxe de Mixed Ability, l’un des boxeurs qui présente des troubles d’apprentissage est physiquement de loin le plus compétent du groupe et celui qui s’intéresse le plus à obtenir une qualification professionnelle d’entraîneur. Dans une classe d’aviron de Mixed Ability, l’un des participants qui présente également des troubles d’apprentissage est reconnu comme le rameur à la carrure parfaite pour l’aviron et les autres membres du club sont encore plus surpris par sa puissance musculaire, son équilibre et sa coordination bien développés :
A general assumption around Mixed Ability sport is that people with learning and/or physical disabilities will have a lower skill level and will progress and learn more slowly in a new sport. This proves a further challenge to the recruitment of non-disabled participants as they often feel they will not be challenged by Mixed Ability sport. In fact, through the Mixed Ability context it is clear that there is a marked difference between dis/ability and skill and the two should not be conflated. While many think you can predict how good someone will be in a sport by whether they have a disability, Mixed Ability sport challenges this. Indeed, in the Mixed Ability boxing class, one of the boxers who has learning difficulties is by far the most physically skilful member of the group and the one who is most interested in progressing to a coaching qualification. In Mixed Ability rowing, one of the participants with learning difficulties is well recognised as the perfect build for rowing with long, powerful levers but fellow club members were still surprised by his well-developed core strength, balance and coordination:
« Je dois être honnête et avouer que je m’attendais à ce que [les débutants de Mixed Ability] soient moins rapides pour atteindre ce niveau. Une chose dont je n’étais pas sûr était de savoir s’ils avaient une bonne coordination et un bon équilibre. Et pour les deux, leur équilibre est excellent ce qui fait une grande différence. Au fur et à mesure que j’ai appris à les connaître, j’ai réalisé qu’ils étaient très actifs tous les jours – probablement beaucoup plus qu’un adulte qui travaille dans un bureau. » (Déclaration lors d’un entretien avec un membre de l’équipe Mixed Ability du club amateur d’aviron de Bradford dans le cadre de l’évaluation du MASDP [Dyer, Sandford et Beckett, 2019])
“I’ll be honest and say I was expecting [the Mixed Ability beginners] to be slower to get to this level. One thing I wasn’t sure about was how good their coordination and balance would be. And with both of them their balance is superb which makes a huge difference. As I’ve got to know them, I can see they spend every day being very active—probably much more so than an adult with a desk job.” (Statement from an interview with a member of the Bradford Amateur Rowing Club Mixed Ability squad as part of the MASDP evaluation [Dyer, Sandford and Beckett, 2019])
Les idées préconçues sur les capacités et les besoins des gens, avant même de les comprendre pleinement, risquent d’entraîner l’exclusion de nombreuses personnes de processus auxquels elles auraient pu contribuer de manière significative. Ce qui est également très restrictif pour développer des points de référence différents et plus positifs.
Preconceived ideas of what someone’s abilities and needs are before understanding them fully is likely to result in many people being excluded from processes that they could have meaningfully contributed to. This is also very limiting in terms of developing different and more positive points of reference.
Vue réductrice du handicap : « Où allons-nous mettre les fauteuils roulants ? »
A reductive view of disability: “Where do we put the wheelchairs?”
Lorsque le mouvement Mixed Ability promeut les activités sportives dans les clubs, les réactions courantes sont souvent « où allons-nous mettre les fauteuils roulants ? » et « mais nous n’avons pas de rampe ». Cette attention portée sur l’infrastructure et l’accès soulève des questions intéressantes. Par exemple, où se situent, dans la société, les personnes atteintes d’un handicap invisible ? Est-ce que l’image d’une personne en situation de handicap en fauteuil roulant place cela au premier plan de nos esprits ? Quelle image avons-nous de quelqu’un présentant des troubles d’apprentissage ? Quel est notre point de référence ? Si l’on suppose que tou·te·s les participant·e·s en situation de handicap ont besoin d’une rampe pour accéder à un club de sports, alors par analogie la majorité d’entre elles et eux sont matériellement exclu·e·s. Les données montrent que la confusion et la peur des handicaps invisibles sont courantes :
When promoting Mixed Ability sport to clubs, common responses are often “where do we put the wheelchairs” and “but we don’t have a ramp”. This focus on infrastructure and access raises some interesting points. For example, where do people facing invisible barriers come into society? Does the image of someone with a disability as a wheelchair user put that at the forefront of our minds? What image do we have of someone with a learning difficulty? What is our point of reference? If it is assumed that all disabled participants need a ramp to access a sports club then the majority are materially excluded by proxy. Data show that confusion and fear related to invisible disabilities is commonplace:
« Je vais jouer cartes sur table et dire que je pense que je trouverais très difficile d’entraîner quelqu’un qui a des troubles d’apprentissage. Les difficultés physiques, ça, je peux gérer, mais les troubles d’apprentissage, c’est un peu plus délicat. » (Déclaration lors d’un groupe de discussion avec le comité du club amateur d’aviron de Bradford dans le cadre de l’évaluation du MASDP [Dyer, Sandford et Beckett, 2019])
“I’ll lay my cards on the table and say I think I’d find it very difficult to coach someone with learning difficulties. Physical difficulties I can cope with, but learning difficulties is a bit tricky.” (Statement from a focus group with the Bradford Amateur Rowing Club Committee as part of the MASDP evaluation [Dyer, Sandford and Beckett, 2019])
La boxe dans la cadre du mouvement Mixed Ability illustre la complexité et la diversité d’un handicap/d’une capacité. Elle représente une situation complètement différente d’un sport d’équipe comme le rugby, mais reste fidèle aux principes du mouvement Mixed Ability, en ce sens que tou·te·s les participant·e·s s’entraînent ensemble dans le même espace communautaire, quelles que soient leurs capacités. Il en résulte un groupe très diversifié de personnes de genres, d’âges, d’ethnicités, de milieux, de tailles, de capacités, de niveau de culture physique et d’ambitions différents. Le groupe inclut des participant·e·s qui s’identifieraient comme n’étant pas en situation de handicap, ainsi que celles et ceux ayant des problèmes de santé chroniques, les utilisateur·rice·s de fauteuils roulants, les participant·e·s trisomiques, les ancien·ne·s boxeur·euse·s professionnel·le·s redescendu·e·s dans l’arène, ainsi qu’un·e participant·e qui s’est remis·e d’une blessure à la tête. La classe est dirigée par une boxeuse qui s’occupe de l’entraînement. Elle a été empêchée de participer à la compétition et, en réalité, d’occuper des emplois réguliers à cause d’une maladie chronique, mais elle aimerait agrandir son entreprise sociale de boxe afin d’employer d’autres personnes qui ont du mal à suivre des horaires de travail conventionnels. Nombre de participant·e·s, avec et sans handicaps, ont subi des barrières logistiques, physiques et psychologiques à la participation à un sport dans le passé, notamment en raison d’un manque de confiance en elles et eux, d’installations non accessibles, de la peur d’être jugé·e, d’une maladie chronique empêchant leur participation régulière et/ou complète à l’entraînement, et d’un manque de moyens. Avec la boxe en particulier, la majorité des participant·e·s, y compris l’auteure principale de l’article, disent qu’iels auraient été intimidé·e·s à l’idée d’entrer dans une salle de gym, mais qu’une classe de Mixed Ability est très accueillante et sécurisante (Dyer, Sandford et Beckett, 2019).
Mixed Ability boxing illustrates the complexity and diversity of dis/ability. It is a completely different set up to a team sport like rugby but remains true to the principles of Mixed Ability by all participants training together in the same community space regardless of ability. What results is an enormously diverse group of people of different gender, ages, ethnicity, backgrounds, size, ability, fitness-level and ambition. The group includes participants who would identify as non-disabled as well as those with chronic health conditions, wheelchair users, participants with Down’s syndrome, returners to boxing who used to fight competitively and one participant recovering from a head injury. The class is led and coached by a female boxer who, herself, was prevented from participating in competitive sport and, in fact, regular employment through chronic illness, and who would like to expand her boxing social enterprise in order to employ others who struggle with conventional work patterns. Many participants, both with and without disabilities, have experienced logistical, physical and psychological barriers to participating in sport in the past through, for example, lack of self-confidence, non-accessible facilities, fear of being judged, chronic illness that prevents regular and/or full participation in training and lack of provision. With boxing in particular, the majority of participants, including the lead author of this paper, said that they would have felt intimidated at the thought of entering a boxing gym but that the Mixed Ability class feels very welcoming and safe (Dyer, Sandford and Beckett, 2019).
La boxe dans la cadre du mouvement Mixed Ability attire l’attention sur le fait que la catégorie des « personnes en situation de handicap » est large. Réduire la catégorie d’un handicap au symbole d’un fauteuil roulant a un impact réducteur sur notre compréhension de la différence, ce qui suggère que toutes les personnes en situation de handicap vivent de la même manière, malgré la myriade de différences entre et parmi les expériences vécues du handicap. Se servant du concept de l’intersectionnalité, Nira Yuval Davis (2006) explique qu’alors que des catégories telles que celle « de personne en situation de handicap » peuvent jouer un rôle central dans l’identité et l’appartenance ainsi que dans l’accès aux opportunités pour s’embarquer dans le sport (ou dans l’écologie), les gens ont des identités multiples et croisées. Une personne en situation de handicap peut se sentir exclue ou incluse dans la société pour d’autres raisons (par exemple le fait d’être une femme, musulman et/ou LGBTQ+). En créant une atmosphère d’inclusivité, le mouvement Mixed Ability souligne les nombreuses intersections possibles entre les similarités et les différences dans nos identités et en conséquence crée une inclusivité pour tou·te·s, à travers toutes les capacités et autres formes de différences.
Mixed Ability boxing highlights that the category of “disabled” is broad. Narrowing the category of disability into the symbol of a wheelchair has a reductive impact on our understanding of difference, implying that all disabled people experience life in the same way despite the myriad difference among and between lived experiences of disability. Using the concept of intersectionality, Nira Yuval-Davis (2006) explains that while categories such as “disabled” can play a central role in both identity and belonging, and in access to opportunities to engage in sport (or indeed environmentalism), people hold multiple and intersecting identities. A person who is disabled might feel excluded or included in society for other reasons (being female, being Muslim, being LGBTQ+). In creating an inclusive atmosphere, the Mixed Ability movement highlights the myriad intersections between the similarities and differences in our identities, and as a result creates inclusivity for all, across all abilities and other forms of difference.
Que se passe-t-il « s’iels » se font mal ?
What if “they” get hurt?
Un autre défi rencontré dans la promotion du sport dans le cadre du mouvement Mixed Ability est l’inquiétude soulevée par le fait que les participant·e·s en situation de handicap pourraient se faire mal. Une telle inquiétude est particulièrement vive dans le contexte du rugby qui est un sport de contact, de la boxe, qui dans le cas étudié n’est pas un sport de contact, et de l’aviron. En effet, la fédération irlandaise de rugby n’a pas reconnu le rugby pratiqué dans le cadre du mouvement Mixed Ability jusqu’en 2018, à cause du risque que ce sport représente. Ce qui signifie que l’équipe des SWR, qui jouait sans être reconnue par le comité directeur national, a dû souscrire une assurance supplémentaire qui limitait les lieux où l’équipe pouvait jouer. Néanmoins, Corazza et Dyer (2017) ont trouvé que l’élément d’autodétermination au sein du rugby pratiqué dans le cadre du mouvement Mixed Ability a été crucial pour les participant·e·s en situation de handicap, en ce sens que cela leur a permis de se sentir inclu·e·s et fortement associé·e·s aux changements qui se sont produits dans leur perception d’eux et d’elles-mêmes, et dans les perceptions autour du handicap/non handicap en général. L’IMAS, bien sûr, prend le risque au sérieux et a mis en place des mesures d’atténuation pour réduire le risque pour tous les participant·e·s à travers des programmes de sensibilisation et la coproduction de ressources pédagogiques. Toutefois, l’IMAS croit fermement que si une personne en a la capacité mentale (telle qu’elle est définie par la loi de 2005 sur la capacité mentale promue par le ministère de la Santé), elle devrait pouvoir choisir d’assumer un risque. En la matière, l’IMAS cite Anthony Brooke qui dit :
A further challenge of promoting Mixed Ability sport is the worry that disabled participants will get hurt. This is particularly acute in the context of full-contact rugby, boxing (although this is non-contact boxing) and rowing. Indeed, the Irish Rugby Football Union did not recognize Mixed Ability rugby until 2018, due to concerns over risk. This meant that SWR were playing without being recognized by their National Governing Body (NGB), had to obtain alternative insurance and were restricted on where they could play. However, Corazza and Dyer (2017) found that the element of self-determination in Mixed Ability rugby was key to disabled participants feeling included and linked strongly to shifts in both self-perception and perceptions around dis/ability in general. IMAS, of course, take risk seriously and have mitigating measures in place for reducing risk for all participants through awareness raising, co-production of resources around risk, and education. However, they are firm believers that if someone has the mental capacity (as defined in the Department of Health Mental Capacity Act, 2005), they should be able to choose to assume risk for themselves. IMAS quote Anthony Brooke on the subject, who said:
« J’ai soutenu mon équipe locale pendant des années. Ils ne voulaient pas me laisser jouer. La seule chose qu’ils me laissaient faire c’était d’être leur porteur d’eau. Ils avaient peur que je me blesse. Bien sûr que je peux me blesser, ça fait partie du jeu. Et depuis que j’ai rejoint l’équipe des Bumbles Bees, je me suis rompu le tendon d’Achille et j’ai abîmé mes ligaments, mais je veux continuer à jouer. »
“I supported my local team for years. They would not let me play. The only thing I could do was to carry water bottles. They were afraid I could get injured. Of course, I can get injured, it’s part of the game. And since I joined the Bumbles I have snapped my Achilles and done my ligaments and I still want to play.”
L’autodétermination a été reconnue par Jenny Morris (2005) comme l’une des trois formes de citoyenneté que désirent les personnes en situation de handicap, les deux autres étant la contribution (participer économiquement et socialement à la société), et la participation (pouvoir participer activement, politiquement et socialement au sein de la communauté). Le mouvement Mixed Ability vise à promouvoir ces trois éléments pour tous les participant·e·s d’une manière sincère, en combinant les voix de chacun·e à travers la différence sociale pour influencer les activités.
Self-determination was recognized by Jenny Morris (2005) as one of three forms of citizenship desired by disabled people, along with contribution (being involved economically and socially in one’s society), and participation (being able to actively participate politically and socially in the community). Mixed Ability aims to promote all three of these elements for all participants in a very genuine way, combining voices across social difference to inform activities.
Tirer des leçons du mouvement Mixed Ability dans les initiatives communautaires en matière de durabilité
Learning from Mixed Ability for community sustainability initiatives
L’examen des activités du mouvement Mixed Ability permet de tirer un certain nombre de leçons qui peuvent servir à savoir ce à quoi les initiatives communautaires « justes » en matière de durabilité pourraient ressembler. Nous structurons ces leçons ci-dessous selon l’importance d’une reconnaissance pluraliste de la diversité, la manière dont cela peut se passer du point de vue procédural et les résultats probables.
In exploring the Mixed Ability movement, there are a number of lessons that can be used for informing what “just” community sustainability initiatives could look like. We structure these below according to the importance of a pluralist recognition of diversity, how that can take place procedurally and the likely outcomes this will lead to.
Reconnaître les besoins et les capacités différents au sein d’un programme
Recognising different needs and abilities to engage with an agenda
La reconnaissance du fait que les gens ont des besoins et des capacités différents lorsqu’ils s’engagent dans un programme, qu’il s’agisse de sport ou de durabilité, et ont des interprétations différentes de ce qu’est le programme est un premier pas essentiel pour remédier à l’injustice associée à la non-reconnaissance. De nombreux clubs de sports ne réalisent pas qu’ils sont exclusifs, jusqu’à ce qu’ils soient exposés au handicap à travers une séance d’entraînement de l’IMAS, qu’ils entrent en relation avec des participant·e·s du mouvement Mixed Ability et aient l’occasion de réfléchir à ce sujet. Notre revue de la littérature a également permis de souligner que cela est probablement le cas pour de nombreuses politiques et pratiques en matière de durabilité. L’expérience offerte par le mouvement Mixed Ability révèle que le handicap ainsi que d’autres différences sociales existent dans une pléthore de formes et d’intersections, mais que les discours publics sur la différence sociale tendent à être plutôt simplistes, entraînant une injustice associée à la non-reconnaissance et à la méconnaissance (Fraser, 1995). Le mouvement Mixed Ability tend à susciter une appréciation des expériences intersectionnelles que les gens vivent sous la catégorie du handicap et au-delà (Crenshaw, 1991). Avec le mouvement Mixed Ability, le rôle de l’éducation par les pairs et l’apprentissage par l’expérience sont cruciaux pour la reconnaissance, en ce sens que les personnes qui font l’expérience de travailler conjointement avec des personnes aux compétences diverses ont ainsi la possibilité de rencontrer une diversité de différences sociales et de travailler ensemble. Nombreux·ses sont celles et ceux qui expliquent que le simple fait de prendre conscience de cet éventail de compétences les rend plus susceptibles de réfléchir aux divers besoins des autres et de « voir la personne d’abord » (un participant).
Recognising that people have different needs and abilities to engage with an agenda, whether that be sport or sustainability, and have different interpretations of what the agenda is a critical first step to remedying recognition injustice. Many sports clubs do not realise they are being exclusive until they are exposed to disability through the IMAS training, interact with Mixed Ability participants and have the opportunity to reflect. Our literature review highlighted that this is also likely the case for many sustainability policies and practices. The Mixed Ability experience reveals that disability, and indeed other social differences, exist in a plethora of forms and intersections, but that public discourses on social difference tend to be rather simplistic leading to nonrecognition and misrecognition injustices (Fraser, 1995). Mixed Ability tends to engender an appreciation of the intersectional experiences that people have under the category of disability and beyond (Crenshaw, 1991). In Mixed Ability, the role of peer education, and experiential learning is critical to this recognition, as people experience working together with others who have a wide range of abilities, they have the chance to encounter both the diversity of social difference and the possibilities of working together. Many people report that just being made aware of this range of abilities, makes you more likely to think about other people’s diverse needs and “see the person first” (a participant).
Inclure une diversité de voix dans la prise de décisions
Involving diverse voices in decision-making
En termes pratiques, nous pouvons nous inspirer des idées de la justice procédurale et de la justice associée à la représentation dans lesquelles, suivant Harriet Thew, Lucie Middlemiss et Jouni Paavola (2020), nous faisons une différence entre justice procédurale, c’est-à-dire la présence de règles permettant de garantir que les structures formelles sont justes, et justice associée à la représentation, c’est-à-dire l’assurance que les règles informelles sont justes et permettent la représentation. À cette fin, il est crucial de faire participer une diversité de voix dans la prise de décisions dès la phase de conception. Le développement de l’équipe des Bumble Bees, par exemple, par quelqu’un en situation de handicap ayant eu auparavant du mal à se faire entendre, souligne le fait que la solution pour développer des activités inclusives consiste à responsabiliser les personnes, pour garantir que leur voix ait le même poids que celle des autres, et pour garantir qu’elles aient la possibilité de contester les suppositions des autres et d’être différentes tout simplement. Non seulement cela entraîne une parité de participation (Young, 2001), mais également des approches plus pertinentes, inclusives, novatrices et créatives permettant d’aborder les problèmes. Grâce au mouvement Mixed Ability, il est facile de voir comment un partenariat entre diverses personnes facilite l’incorporation de l’inclusivité dès le départ et permet de surmonter l’exclusion. Cette situation rappelle des études de projets communautaires s’intéressant à la consommation durable dont se dégage souvent dès le départ, une interprétation « de Blanc de classe moyenne » et qui, ce faisant, exclut les autres identités (Anantharaman, 2014 ; Kenis et Mathijs, 2014 ; Grossmann et Creamer, 2016 ; Taylor Aiken et al., 2017 ; Anantharaman et al., 2019). Commencer par un partenariat avec Mixed Ability permet de réduire le risque d’exclusion matérielle et symbolique, car au fur et à mesure que l’initiative évolue, les membres aux compétences mixtes qui travaillent ensemble doivent constamment réfléchir à la manière dont les choses marchent.
In practical terms, we can draw on ideas of procedural and representation justice in which, following Harriet Thew, Lucie Middlemiss, and Jouni Paavola (2020), we differentiate between procedural justice, as the presence of rules to ensure that formal structures are fair, and representation justice, as ensuring that informal rules are fair and allow representation. To do this, involving a diverse range of voices in decision-making from the design phase onwards is critical. The development of the Bumble Bees, for example, by a disabled man who had previously struggled to have his voice heard, highlights that the key to developing inclusive activities is empowerment of people to ensure they have an equal say, and opportunities to challenge assumptions and simply be different. This not only results in parity of participation (Young, 2001) but also in more relevant, inclusive, innovative and creative approaches to tackling problems. From the Mixed Ability movement, we can see that a partnership between diverse people works well as a way of designing-in inclusivity from the start and overcoming exclusion. This echoes insights from studies of community projects on sustainable consumption, which often exude (white, middle-class) meaning from the start and in doing so exclude other identities (Anantharaman, 2014; Kenis and Mathijs, 2014; Grossmann and Creamer, 2016; Taylor Aiken et al., 2017; Anantharaman et al., 2019). Starting off with a Mixed Ability partnership reduces the risk of both material and symbolic exclusion, because, as the initiative evolves, members who are working together with mixed abilities will need to continuously reflect on how things are working.
Créer un espace sécurisant, diversifié, accueillant et sans jugement
Creating safe, welcoming, diverse and non-judgemental environments
Une fois qu’un tel contexte a été créé, il est probable que les résultats d’une initiative de ce type surpassent la « parité de participation » (Young, 2001) et entraînent des avantages pour tou·te·s les participan·e·s. Le mouvement Mixed Ability montre que la création d’un « espace sécurisant, diversifié, accueillant et sans jugement » peut devenir un cycle vertueux qui permet la reconnaissance de la diversité pour des solutions encore plus créatives et durables, intégrant une multitude de perspectives. Cela peut offrir des avantages conséquents pour la société en général. Scott Kuhn (1998) explique à ce sujet que la participation significative a non seulement le potentiel de changer les perspectives, mais qu’elle permet également de renforcer la démocratie. Cela fait écho aux conclusions de Aspa Baroutsis et al. (2016) sur le mouvement étudiant qui affirme que permettre aux jeunes de participer d’une manière significative et de se faire entendre a entraîné une participation active et la création d’une communauté plus démocratique. Robyn Eckersley (2004) suggère que les avantages d’une participation significative vont au-delà des initiatives individuelles pour augmenter le potentiel d’apprentissage réflexif au sein de la société, ce qui est certainement évident dans le cadre de Mixed Ability, étant donné que les équipes pratiquant des activités sportives dans le cadre du mouvement Mixed Ability jouent souvent avec des équipes communautaires ou dans des cadres communautaires conventionnels. Alors que tout cela a l’air prometteur, Baroutsis et al. (2016, p. 451) soulignent que contester, dans leur cas, des structures de pouvoir hiérarchique basé sur l’âge prend du temps et nécessite « l’éducation et le mentorat continus de la communauté entière ». Ceci correspond à l’élément d’éducation par les pairs du mouvement Mixed Ability et il serait intéressant de considérer le rôle que jouerait un processus similaire pour les initiatives communautaires en matière de durabilité avant que les hiérarchies des structures de pouvoir blanches de la classe moyenne sans handicap ne s’établissent. Cela est également visible dans les « réalités » de l’injustice et de l’exclusion associées à la non-reconnaissance dont nous avons tracé les grandes lignes ci-dessus.
Once a context like this has been created, the outcomes of such an initiative are likely to surpass “parity of participation” (Young, 2001) and result in benefits for all those involved. The Mixed Ability movement shows that creating safe, welcoming, diverse and non-judgemental environments can become a virtuous cycle where further diversity is recognised for even more creative and sustainable solutions that integrate a multitude of perspectives. This can have extensive knock-on benefits for broader society. As well as the potential to shift perspectives, Scott Kuhn (1998) explains that meaningful participation strengthens democracy. This echoes findings by Aspa Baroutsis et al. (2016) around student voice, where they assert that enabling young people to participate meaningfully and have their voices heard resulted in active participation and the creation of a more democratic community. Robyn Eckersley (2004) suggests that the benefits of meaningful participation extend beyond individual initiatives to increase the potential for reflexive learning in society, which is certainly evident in Mixed Ability given that Mixed Ability teams are often playing other community teams or in mainstream community settings. While all this sounds promising, Baroutsis et al. (2016, p. 451) emphasise that challenging, in their case, age-based, hierarchical power structures, takes time and requires “ongoing teaching and mentoring of the entire community”. This aligns with the peer education component of the Mixed Ability movement, and it is worth considering the role of a similar process for community sustainability initiatives before hierarchies of white, middle-class, able-bodied power structures are too well established. It is also apparent in the “realities” of recognition injustice and exclusion that we outline above.
Nous ne voulons pas dépeindre le mouvement Mixed Ability sous un angle utopique, car il est certain que les défis exposés ci-dessus montrent qu’il s’agit d’un mouvement qui ne peut offrir que certaines solutions. Par exemple, les normes sociales et les discours publics par rapport au handicap sont profondément enracinés et nombreux sont ceux qui, à l’intérieur comme à l’extérieur du mouvement, ne comprennent pas vraiment l’intention radicale qu’il renferme. Ainsi, le recadrage du discours du « nous et elles·eux » demande de faire un effort constant. Si c’est le cas en ce qui concerne l’action pour l’inclusion du handicap, il est également probable que ce soit un défi dans les tentatives pour créer des milieux inclusifs pour d’autres formes de différence sociale et d’autres domaines politiques. Ces défis pratiques soulignent le besoin d’une évaluation continue et d’une gestion proactive de la manière dont l’inclusivité est cadrée, mais ne devraient diminuer en rien la vision et le potentiel d’un engagement et d’une participation plus grands et diversifiés dans les initiatives communautaires en matière de durabilité.
We do not want to paint Mixed Ability as a utopian vision, certainly the challenges we outline above show that this is a movement that can only provide some of the answer. For instance, social norms and public discourses in relation to disability are deeply ingrained, and many, both inside and outside of this movement, do not really understand the radical intent behind it. As such reframing the discourse of “us and them” requires consistent effort. If this is the case with action on disability inclusion, it is also likely to be a challenge in attempts to create inclusive environments for other forms of social difference and in other policy domains. These practical challenges highlight the need for ongoing evaluation and proactive management of how inclusivity is framed but should not detract from the vision and the potential for greater and more diverse engagement and participation in community sustainability initiatives.
Conclusions
Conclusions
Alors que les initiatives en matière de durabilité cherchent généralement à avoir des impacts positifs, elles risquent de ne pas reconnaître la différence sociale et d’exclure de nombreux groupes au sein de la société. Cela risque de conduire à un cadrage étroit des problèmes, ainsi qu’à la recherche de solutions pouvant s’avérer inopportunes et non durables, et insuffisamment innovantes. En ces temps plus que critiques, où l’action communautaire a un rôle essentiel à jouer pour relever des défis environnementaux, sociaux et économiques complexes afin de créer un avenir durable, il n’est tout simplement pas viable d’aller de l’avant avec des solutions qui ne reconnaissent pas ou ne s’engagent pas de manière significative par rapport à la différence. Le mouvement Mixed Ability est une manière possible d’aborder cette question. Notre recherche souligne que la reconnaissance de la différence, dans toutes ses formes, est un premier pas crucial pour surmonter l’injustice associée à la non-reconnaissance. Accomplies de façon efficace, la responsabilisation et l’intégration sincères des diverses voix, à travers un travail de partenariat et d’éducation par les pairs, peuvent considérablement aider à surmonter l’exclusion matérielle et symbolique. De manière encore plus significative, le mouvement Mixed Ability montre que l’accomplissement de la parité de participation permet d’aller au-delà de l’objectif normatif de la justice associée à la reconnaissance et entraîne des avantages pour tou·te·s les participant·e·s. En ce qui concerne les initiatives communautaires en matière de durabilité, la parité de participation offre un potentiel de solutions plus innovantes, créatives et transformatrices.
While sustainability initiatives are generally seeking to foster positive impact, they are at risk of not recognising social difference and excluding many groups in society. This is likely to lead to narrow framing of problems, and the pursuit of solutions that may be inappropriate, unsustainable and insufficiently innovative. In these most critical of times, where community action has a key role to play in tackling complex environmental, social and economic challenges to create a sustainable future, it is simply not viable to forge ahead with solutions which do not recognise or meaningfully engage with difference. The Mixed Ability movement represents one possible way to address this. Our research highlights that recognising difference in all its forms is a critical first step to overcoming recognition injustice. If done effectively, empowering and genuinely integrating diverse voices through partnership working and peer education can go a long way to overcoming material and symbolic exclusion. More significantly, the Mixed Ability movement shows that when parity in participation is achieved, it goes beyond the normative goal of recognition justice and results in benefits for everyone involved. In terms of community sustainability initiatives, this offers potential for more innovative, creative and transformative solutions.
Remerciements
Acknowledgements
Cet article s’appuie sur des données fournies par le programme pour le développement des sports dans le cadre du mouvement Mixed Ability (MASDP) financé par Sport England. Nous remercions les éditeur·ice·s de ce numéro et les relecteur·rice·s anonymes pour leurs commentaires avisés et utiles, ainsi que le mouvement international des sports Mixed Ability qui a contribué à la discussion des questions soulevées. Nous remercions également l’équipe de traduction et Martino Corazza pour ses conseils en matière de traduction et terminologie. Enfin, nous tenons à remercier tou·te·s les participant·e·s qui ont partagé leur expérience du mouvement Mixed Ability d’une manière si honnête, ouverte et franche.
This paper draws on data from the Sport England-funded Mixed Ability Sport Development Programme. We would like to thank the Editor of this special issue and two anonymous reviewers for helpful and insightful comments on the paper, and International Mixed Ability Sports for contributing to discussion around the themes raised. We would also like to thank the translation team and Martino Corazza for his input into translation of terminology. Finally, we would like to thank all the participants who shared their experiences of the Mixed Ability model in such an honest, open and candid way.
Pour citer cet article
To quote this article
Dyer Jen, Middlemiss Lucie, Thew Harriet, “Towards just and inclusive community sustainability initiatives: learning from the Mixed Ability movement” [« Vers des initiatives communautaires de durabilité justes et inclusives : tirer des leçons du mouvement Mixed Ability »], Justice spatiale | Spatial Justice, no 16, 2021 (http://www.jssj.org/article/vers-des-initiatives-communautaires-de-durabilite-justes-et-inclusives-tirer-des-lecons-du-mouvement-mixed-ability/).
Dyer Jen, Middlemiss Lucie, Thew Harriet, “Towards just and inclusive community sustainability initiatives: learning from the Mixed Ability movement” [« Vers des initiatives communautaires de durabilité justes et inclusives : tirer des leçons du mouvement Mixed Ability »], Justice spatiale | Spatial Justice, no 16, 2021 (http://www.jssj.org/article/vers-des-initiatives-communautaires-de-durabilite-justes-et-inclusives-tirer-des-lecons-du-mouvement-mixed-ability/).